C’est une nouvelle qui ne va probablement décevoir personne, mais il est peut-être important de l’annoncer : Google a décidé de fermer la version grand public de son réseau social Google+. Enfin, on s’y attendait étant donné que le réseau social n’a jamais pu décoller bien qu’il dispose d’une importante base d’utilisateurs potentiels ; chaque personne qui crée un compte Gmail étant automatiquement inscrite à Google+.
Ce qui est toutefois important, c’est la raison pour laquelle Google a décidé de fermer son réseau social ; ce sur quoi l’entreprise a écrit dans un billet de blog en faisant très attention aux mots utilisés pour l’expliquer : une faille de sécurité !
Au début de cette année, Google a lancé une initiative appelée Project Strobe, dont l’objectif est d’examiner, entre autres, l’accès des développeurs tiers aux données de comptes Google et d’appareils Android. Dans le cadre de cet effort, Google s’est penché sur la sécurité des API Google+ et son examen a révélé qu’un bogue dans une API Google+ permettait aux applications d’accéder à des données utilisateurs qui n’étaient « pas marquées publiques » – pour reprendre les termes de Google ; des données qui étaient donc privées en quelque sorte.
Dans son billet de blog, Google explique cependant que « ces données sont limitées aux champs statiques et facultatifs du profil Google+, y compris le nom, l’adresse e-mail, la profession, le sexe et l’âge » de l’utilisateur et « n’incluent pas les autres données que les utilisateurs ont publiées ou connectées à Google+ ou à tout autre service ». C’est-à-dire que ne sont pas concernées les données comme « les publications Google+, les messages, les données de compte Google, les numéros de téléphone ou le contenu de G Suite. »
D’après Google, 438 applications pourraient avoir utilisé l’API en question, mais seuls 500 000 comptes Google+ ont potentiellement été affectés par ce bogue. L’entreprise assure également n’avoir rien trouvé qui indique qu’un développeur était au courant du problème ou que la faille ait été exploitée.
La faille de sécurité a été immédiatement corrigée après sa découverte… en mars 2018, au moment où l’affaire Cambridge Analytica a été révélée au grand public. Ce qui pousse à se demander si ce n’est pas cette affaire qui a poussé Google à vérifier si son réseau social était à l’abri d’un scandale similaire. En tout cas, la réponse à cette question ne viendra pas de Google puisque la société ne donne pas de date exacte et ne dit pas non plus si elle a commencé à examiner les API Google+ avant ou après le scandale qui a éclaté chez Facebook.
Mais il semble que si Google ne divulgue le problème de sécurité que maintenant, c’est parce que la firme craignait un contrôle réglementaire et une atteinte à sa réputation, comme ç’a été le cas pour Facebook. C’est d’ailleurs ce que rapporte The Wall Street Journal, en citant des documents et des personnes informées de l’incident. Le quotidien américain dit avoir consulté une note rédigée par le personnel juridique et politique de Google, qui montre que les dirigeants de l’entreprise craignaient de provoquer un scandale potentiel sur la vie privée. La note aurait en effet prévenu les hauts dirigeants de Google que l’annonce du bogue causerait un « intérêt réglementaire immédiat » et établirait des comparaisons avec le scandale Cambridge Analytica chez Facebook. Ceci expliquerait donc le délai plus de six mois mis avant de divulguer la faille de sécurité, même si au vue de l’ampleur du problème, Google ne courrait pas les mêmes sanctions que Facebook.
Pour revenir à la fermeture de la version grand public de Google Plus, le processus va se dérouler sur les dix prochains mois et prendre fin en août 2019. Précisions aussi que Google va continuer à maintenir la version entreprise utilisée par les clients professionnels de G Suite.
Sources : Google