Une fois de plus, le directeur du FBI Christopher Wray a remis en cause l’implémentation de méthodes de chiffrement impossibles à outrepasser, rendant la tâche difficile aux enquêteurs qui n’arrivent pas à accéder aux données présentes dans des milliers d’appareils. Le chef du FBI estime que cette situation constitue une menace sérieuse de la sécurité et a appelé la communauté de sécurité à coopérer plus avec le secteur privé.
En 2017 seul, Wray rappelle que le FBI a été dans l’incapacité d’accéder aux données enregistrées dans 7775 appareils « en utilisant les outils techniques disponibles et adéquats, » malgré le fait que les enquêteurs avaient les mandats autorisant de fouiller ces appareils. « Chacun de ces 7800 appareils est lié à un cas spécifique, un accusé spécifique, une victime spécifique, une menace spécifique, » cette incapacité à accéder aux données est « une question sérieuse de sécurité publique. »
Wray a lancé un appel au secteur de technologie et la communauté de sécurité pour résoudre ce problème, appelant à une collaboration bien-intentionnée et susceptible de trouver une balance qui respecte la confidentialité et la sécurité sans pour autant ébranler les efforts des enquêteurs.
« Le FBI supporte les mesures de sécurité des informations. Nous supportons un chiffrement fort, » a dit Wray. « Mais, les programmes de sécurité d’information doivent être conçus de façon à ne pas compromettre les outils légitimes dont nous avons besoin pour assurer la sécurité des Américains. »
Ce que veut le FBI, c’est une solution technique et légale qui permettrait à la fois un chiffrement fort, mais aussi un moyen pour le gouvernement américain d’accéder aux appareils chiffrés en cas de besoin avec un mandat. Cependant, Wray n’a pas spécifié ou expliqué comment une telle solution pourrait être mise en place. D’autant plus qu’un consensus d’experts assure que les exigences du FBI sont impossibles à réaliser.
Le chef du FBI prétend qu’il est ouvert à toute solution constructive, appelant à mettre en place une approche réfléchie et sensible, mais il insiste : il faut travailler en vitesse. Il se murmure que le FBI a déjà des personnes qui travaillent avec différentes parties concernées, mais Wray semble vouloir impérativement impliquer le secteur privé, surtout les géants de la tech comme Apple, Google et les autres firmes. Malgré la difficulté de mettre en place des systèmes sécurisés et en même temps accessibles à la police, Wray continue de dire qu’il ne croit pas à cette affirmation, « c’est juste que je ne crois pas que cela soit impossible, » dit-il.
Wray a appelé aussi les législateurs pour les presser de changer les lois et les adapter à la technologie. Le chef du FBI estime que le contexte actuel est dépassé, « c‘est comme si on avait des lois de trafic écrites pour l’époque des voitures à cheval. Le FBI n’a pas « simplement besoin d’outils techniques améliorés, » ajoute-t-il, « nous avons besoin de clarifications juridiques pour combler les lacunes. »
En octobre dernier, le nouveau directeur du FBI Christopher Wray avait déjà exprimé sa frustration à l’égard du chiffrement fort des smartphones qui selon lui empêche l’agence de faire correctement son travail. C’était d’ailleurs la position affichée par son prédécesseur, James Comey, qui avait critiqué les entreprises qui implémentent le chiffrement fort dans leurs produits. James Comey estimait en effet que ce comportement ne tenait pas compte des impératifs de sécurité nationale et avait donc mis en avant la nécessité d’obliger les constructeurs à introduire des portes dérobées dans leurs dispositifs ; des portes dérobées qu’eux seuls connaîtraient et pourraient exploiter dans le cadre de leurs enquêtes.
Source : The Heights