Certains jailbreaks sont protégés contre le piratage et peuvent transformer la console en vulgaire cale-porte. De son côté, Nintendo commence à bannir les consoles détectées comme non conformes. Un vrai far-west.
Depuis la révélation d’une faille impossible à patcher en avril dernier, les affaires vont bon train chez les bidouilleurs de la Nintendo Switch. Un peu trop même. Fournisseur d’une solution de piratage clé en main, le groupe Team Xecuter s’attire actuellement les foudres de certains de ses utilisateurs. Il est accusé d’avoir intégré dans son jailbreak une protection contre… le piratage. Il semblerait que toute tentative d’accès ou de modification du firmware de Team Xecuter puisse “bricker” la console. Un fil de discussion s’est même formé sur ce sujet sur Reddit.
Préserver « l’avantage concurrentiel »
Interrogé par The Verge, Team Xecuter confirme la présence de cette mesure de protection, dont le but est de préserver « l’avantage concurrentiel » de leur solution. Le groupe souligne néanmoins que le piège ne s’enclenche qu’à un niveau d’intrusion élevé. « Quelqu’un doit contourner délibérément beaucoup de couches de contrôle d’intégrité mises en place pour déclencher cette condition. Ce n’est pas quelque chose qui peut arriver dans un usage régulier, jamais », souligne-t-on chez Team Xecuter. En somme, ceux qui se sont fait avoir l’auraient bien cherché. Concrètement, cette protection consiste à bloquer le composant de stockage Flash eMMC par un mot de passe aléatoire. Dans ce cas, c’est effectivement game over, la Switch peut faire un tour dans le vide-ordure.
Mais ce n’est pas le seul obstacle auxquels doivent faire face les bidouilleurs de la Switch. Face à ce piratage grandissant, Nintendo commence à répliquer. Le fabricant est capable de détecter si une console fait tourner un logiciel non conforme, grâce à sa connexion Internet. Elle peut alors être bannie de l’ensemble des services en ligne proposés par le fournisseur.
« Nintendo a fait du bon boulot »
Il n’est pas clair pour l’instant sur quoi repose cette détection. Une chose semble certaine, c’est que l’utilisation de jeux piratés fait facilement sonner l’alarme chez le constructeur japonais. Dans une note de blog, le hacker SciresM explique que Nintendo utilise des tokens cryptographiques pour vérifier l’authenticité d’un jeu. Sa conclusion est sans appel : « Nintendo a implémenté des mesures anti-piratage extrêmement fortes. Ils peuvent parfaitement détecter si une copie numérique d’un jeu a été obtenue de façon légale (…) Nintendo a fait du bon boulot. »
Mais il y a aussi des consoles qui se font bannir alors qu’elles ne font pas tourner de jeux piratés. Sur Reddit, les bidouilleurs impactés mettent leurs informations en commun pour tenter de savoir quels éléments techniques déclenchent cette mise à l’écart. Ci-dessous une vidéo YouTube qui montre l’effet d’un bannissement.
https://youtu.be/oaOw05PksF8
Du porno dans Mario Odyssey
Enfin, certains bidouilleurs s’amusent actuellement à pourrir l’ambiance bon enfant du blockbuster Mario Odyssey. Ce jeu, l’un des plus populaires sur Nintendo Switch, permet de lancer des défis aux autres utilisateurs connectés, dans le cadre d’un mode appelé « Balloon ». Quand un tel défi s’affiche dans le jeu, on voit le nom et l’avatar de l’utilisateur qui l’a créé. Mais le jailbreak permet de modifier cet avatar à volonté et certains petits farceurs l’ont remplacé par des images porno. Résultat : les enfants qui jouent à Mario Odyssey sont tout d’un coup confrontés à des contenus indécents. Sur Reddit, certains utilisateurs incitent du coup les parents à désactiver le mode en ligne.