Après le scandale Cambridge Analytica dont a fait l’objet le géant réseau social américain, Facebook est encore au cœur de l’actualité en ce qui concerne la confidentialité des données de ses utilisateurs. Ces dix dernières années, la société est entrée en partenariat avec les fabricants de téléphones mobiles pour le partage des données de ses utilisateurs. Facebook aurait donné l’accès à une importante quantité de données de ses utilisateurs à près de 60 fabricants de téléphones mobiles, dont Apple, Amazon, BlackBerry, Microsoft et Samsung. Ce partenariat aurait permis à Facebook d’étendre son réseau social à travers le monde. En contrepartie, les fabricants de téléphones mobiles exploitent les données de ses utilisateurs et utilisent les fonctionnalités d’usage comme le bouton « j’aime ».
Selon The New York Times, « certains fabricants peuvent même accéder aux données personnelles des utilisateurs Facebook ainsi qu’à celles de leurs amis même si ceux-ci ont restreint le partage de données ». Cela pose un véritable problème de confidentialité des données des utilisateurs de Facebook. Serge Egelman, chercheur en vie privée à l’Université de Californie, a étudié la sécurité des applications mobiles. « Vous pourriez penser que Facebook ou le fabricant de l’appareil est digne de confiance », dit-il. Mais « le problème est que de plus en plus de données sont recueillies sur l’appareil et si elles sont accessibles aux applications sur l’appareil, alors cela constitue un risque de confidentialité et de sécurité », a-t-il ajouté.
Ces informations ne font que confirmer les critiques des internautes qui accusent le réseau social du non-respect de la vie privée de ses utilisateurs. En 2017 par exemple, Sandy Parakilas, un ancien employé de Facebook, a critiqué le réseau social et révélé qu’il a toujours privilégié la collecte des données sans les protéger. « J’ai dirigé les efforts de Facebook pour régler les problèmes de confidentialité sur la plateforme de développeurs en 2012 avant son introduction en bourse. Ce que j’ai vu à l’intérieur est une entreprise qui priorise la collecte de données des utilisateurs au lieu de les protéger de tout abus », avait déclaré Parakilas. Et cela est dû au fait que le business model de l’entreprise est basé sur la publicité en ligne.
Les responsables de Facebook se défendent contre le fait d’exploiter abusivement les données des utilisateurs. Dans une interview, ils ont annoncé qu’ils n’en font aucun usage qui viole leurs politiques de confidentialité, l’accord avec la FTC ou les promesses faites aux utilisateurs. Ils ont précisé que ces partenariats ont été régis par des contrats d’utilisation strictement limitée des données. Ils ont ajouté qu’ils n’ont connaissance d’aucun cas où les données avaient été mal utilisées. Ime Archibong, vice-président de Facebook, a déclaré que « ces partenariats fonctionnent très différemment de la façon dont les développeurs d’applications utilisent Facebook ». Contrairement aux développeurs qui offrent des jeux et des services aux utilisateurs de Facebook, « les partenaires fabricants d’appareils peuvent utiliser des données Facebook uniquement pour obtenir l’expérience Facebook des utilisateurs », a-t-il ajouté.
Toutefois, les tests effectués par The Times ont montré que les fabricants d’appareils peuvent obtenir le statut, la religion, les tendances politiques, les événements et les amis des utilisateurs Facebook, même pour ceux qui ont restreint le partage de données sur leurs comptes. Plusieurs anciens ingénieurs logiciels de Facebook et des experts en sécurité informatique ont dit qu’ils ont été surpris par la possibilité de passer outre les restrictions de partage.
Source : The New York Times