Le marché des drones est en pleine expansion et les usages qui sont faits de ces équipements ne se limitent pas à la sphère légale. En effet, des organisations criminelles les ont intégrés dans leur mode opératoire pour contourner les forces de l’ordre et gagner en efficacité. Plusieurs cas d’usage criminels de drones ont été soulevés lors de la conférence « AUVSI XPONENTIAL » qui s’est tenue au « COLORADO CONVENTION CENTER » à Denver. La surveillance des témoins, l’espionnage en vue de perpétrer un vol, le trafic transfrontalier et les braquages en sont quelques exemples.
Joe Mazel, chef de l’unité de droit de la technologie opérationnelle du FBI, a révélé que lors d’une prise d’otages, des drones ont été utilisés pour contrecarrer une intervention des forces de l’ordre. Un essaim de drones a servi, d’après Joe, à brouiller un poste d’observation du FBI placé en hauteur lors de leur intervention. Ils ont été déployés par les criminels bien avant leur arrivée sur la scène de crime. Ces drones ont aussi servi à filmer continuellement les faits et gestes des agents afin de les retransmettre via YouTube aux preneurs d’otages. « Nous étions aveugles », déclare-t-il.
Des drones sont aussi utilisés comme un moyen d’intimidation de témoins. Ces équipements permettent à des organisations criminelles, selon l’agent du FBI, de découvrir les informateurs en épiant les entrées et sorties des bâtiments de la police. En Grande-Bretagne, le « Telegraph » rapportait qu’en 2015, des drones ont été pilotés par des cambrioleurs dans des maisons afin d’identifier des cibles potentielles, d’après la police. Accessibles à l’époque pour 30 livres, soit 34 euros, ils ont été déployés pour prendre des photos « vues de haut ». Il s’agit là d’un moyen de contrôler les allées et venues des agents de sécurité, pour choisir le moment idéal d’intrusion. En Australie, un gang a utilisé des drones pour sécuriser leurs contrebandes dans les ports. L’idée consistait, selon Joe, à surveiller les conteneurs transportant des substances illégales ou de la contrebande, et à déclencher l’alarme incendie, ou une alerte au vol ou n’importe quelle autre fausse alerte pouvant éloigner les enquêteurs. Le chef adjoint des douanes et de la protection des frontières des États-Unis révèle que les réseaux de criminels utilisaient les drones pour espionner leurs dispositifs de patrouilles, identifier des poches et les exploiter.
Durant la conférence, des responsables gouvernementaux américains ont alerté sur le fait qu’il n’y a pas encore de solution technologique rapide ou facile pour lutter contre ce phénomène. L’utilisation criminelle des drones risque alors de prospérer jusqu’à ce que des alternatives soient trouvées. Parmi les solutions envisageables, il y a les équipements de brouillage de drone utilisés par l’armée américaine sur les lignes de front en Syrie. Ils ne sont cependant pas conçus pour être utilisés dans un environnement urbain et peuvent interférer avec les équipements mobiles ou, pire, avec les avions, a affirmé Ahn Duong, agent au département de la sécurité intérieure américaine. Une solution légale est en gestation.
Le « FAA Reauthorization Act of 2018 », qui règlemente le secteur de l’aviation aux États-Unis, recèle deux amendements qui rendraient illégale « la militarisation » de drones destinés à la consommation et qui exigeraient l’identification de ces engins, selon Angela Stubblefield, administrateur adjoint de la FAA au bureau de la sécurité et des matières dangereuses. « Il offre la possibilité aux engins volants de se localiser les uns par rapport aux autres. L’identification à distance combinée à l’enregistrement permettrait d’avoir des informations sur chaque drone, qui en est le propriétaire, qui l’exploite et ainsi avoir une idée sur ses intentions », a déclaré Stubblefield. En France, La DGAC (Direction générale de l’aviation civile) a publié en 2017, une vidéo rappelant 10 règles de base à respecter lors de l’usage d’un drone de loisir. Parmi ces « 10 commandements », il y a l’interdiction de survoler l’espace public en agglomération et l’interdiction de violer la vie privée des personnes.
Source : DefenseOne