Le département américain du Trésor vient de publier un rapport de sept pages qui liste plus de 200 personnalités considérées comme proches du président Vladimir Poutine. On y retrouve notamment 114 officiels et 96 hommes d’affaires russes. Les nominés courent le risque d’être sanctionnés par le gouvernement américain à n’importe quel moment.
Il faut rappeler qu’une loi adoptée en 2017 par le Congrès et promulguée par le président Donald Trump, malgré la désapprobation de ce dernier, obligeait le département américain du Trésor à publier ce rapport avant ce lundi minuit. Cette liste devait détailler la proximité des hauts responsables politiques et des oligarques russes avec le président Vladimir Poutine.
Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le Premier ministre Dmitri Medvedev, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov et de hauts responsables des agences de renseignements russes figurent dans cette liste noire. On y trouve également les noms des dirigeants de grandes entreprises publiques, comme le géant de l’énergie Rosneft et la Sberbank.
Ce rapport pourrait vraisemblablement être utilisé par les États-Unis pour punir l’ingérence supposée du Kremlin dans l’élection présidentielle américaine de 2016 qui permit l’accession de Donald Trump à la magistrature suprême de ce pays au détriment de la candidate démocrate Hilary Clinton.
Signalons que Donald Trump a rejeté à plusieurs reprises les allégations formulées par les services de renseignement US qui laissaient supposer que son personnel de campagne aurait collaboré avec le gouvernement russe pour s’assurer la victoire face au camp démocrate emmené par Hillary Clinton et qu’il serait peu enclin à adopter des sanctions contre la Russie. Ces allégations font actuellement l’objet d’une enquête menée par le Congrès et un procureur aux pouvoirs étendus nommé par le ministère de la Justice comme enquêteur spécial pour tenter de faire la lumière sur les soupçons de collusion entre le camp Trump et la Russie.
Même si le fait d’y apparaitre ne devrait pas, dans l’immédiat du moins, automatiquement entrainer l’imposition de sanctions contre les nominés, il est très probable que cette liste ne parvienne au final qu’à compliquer et envenimer davantage les relations déjà tendues entre les États-Unis et la Russie.
La publication de ce rapport intervient dans un contexte de tension entre Washington et Moscou qui est notamment marqué par un acharnement des protagonistes contre les entreprises technologiques du camp adverse. Les cas d’entreprises technologiques telles que Kaspersky Lab, Microsoft ou Google sont assez illustratifs de cette situation.
À titre d’exemple, rappelons que le Sénat des États-Unis a voté en 2017 une loi pour interdire l’usage des produits de Kaspersky au niveau fédéral et que jusqu’à présent, l’entreprise de cybersécurité russe reste persona non grata aux États-Unis, malgré ses efforts de coopération. De son côté, le Kremlin a déjà exprimé sa volonté de se débarrasser des logiciels et services fournis par les entreprises américaines comme ceux de Microsoft ou de Google.
Cette publication coïncide également avec l’entrée de la Russie dans une période électorale importante qui à terme permettra de désigner le prochain président élu du pays, une élection à laquelle Vladimir Poutine compte bien participer.
« Ce n’est pas la première fois nous subissons des manifestations d’agressivité », a déclaré lors d’un point-presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il a notamment déploré le fait que ce rapport pouvait « potentiellement détériorer l’image et la réputation » des entreprises, des hommes d’affaires, des responsables politiques et des dirigeants de la Russie.
Le porte-parole du Kremlin a par ailleurs affirmé que ce rapport américain s’apparentait en réalité à une « tentative directe et évidente d’influencer les élections » prochaines qui auront lieu dans son pays en mars. Il a néanmoins tenu à relativiser la situation en confiant qu’il était persuadé que cette nouvelle manœuvre n’aurait aucune incidence sur le déroulement normal du vote dans son pays.
Dans une interview accordée récemment à la BBC, le directeur de la CIA Mike Pompeo a estimé que les ingérences russes n’avaient pas cessé et que Moscou tenterait vraisemblablement d’influencer les élections législatives américaines de novembre 2018.
Le département d’État US a estimé que la loi mentionnée plus haut avait eu pour effet d’amener des puissances étrangères à renoncer à des contrats d’armement avec des entreprises russes, et que, de ce fait, il était inutile, pour le moment du moins, d’infliger de nouvelles sanctions dans le domaine des ventes d’armes au pays de Vladimir Poutine.